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Stop aux idées reçues n° 3

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NON. Rassurez-vous : les irrigants ont également des restrictions sur leur consommation en eau lors des prises d’arrêtés sécheresse.

D’abord, ce sont des particuliers, et ils ont les mêmes restrictions d’usage que vous : sur l’arrosage du potager, le lavage de voiture, etc.

Quant à l’usage irrigation, il est classé dans les usages économiques avec une « gestion différente ». Sur un même bassin versant, il peut y avoir des restrictions sur les particuliers et ne pas en avoir sur l’irrigation, ou l’inverse (sur l’irrigation, mais pas sur les particuliers) !

Réduire l’irrigation a un impact sur l’économie des exploitations, sur la production agricole (gaspillage alimentaire), sur les filières qui devront se fournir plus loin si elles manquent de produits (impact économique et carbone, délocalisation de l’usine),…

Le suivi des masses d’eau est réalisé par la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) qui publie toutes les semaines, du 1er juin au 30 octobre, le bulletin de suivi d’étiage pour la région Grand. Celui-ci informe sur la situation des masses d’eau sur deux niveaux : les eaux souterraines (hauteur de nappes) et les eaux de surface (débit des cours d’eau).

Il existe trois seuils qui, dès franchissement, entraînent la prise d’arrêté portant sur des mesures de restriction des usages de l’eau : alerte, alerte renforcée et crise.

Ces valeurs seuils ont été calculées dans les années 2000 et correspondaient à une prise d’arrêté 2 années sur 10. En augmentant l’évaporation, le changement climatique a pour effet de réduire le débit des cours d’eau (on annonce une réduction de la moitié de leur débit pour la fin du siècle uniquement en raison du changement climatique). Or, les seuils n’ont pas été revus. Ils sont donc régulièrement dépassés et le seront de plus en plus souvent…

Les mesures de restriction pour l’usage agricole portent sur le volume restant à consommer : une réduction de ce volume. Ces mesures s’appliquent par bassin versant : dès que le bassin versant a franchi le seuil, il y a prise de mesure de restriction. Les irrigants concernés sont informés. Il y a relevé de leur consommation puis recalcul du volume attribué. Et ils sont souvent contrôlés. La mesure ne se voit pas car c’est une période où les besoins en eau sont importants et réduire l’irrigation aurait des impacts irrémédiables (la récolte pourrait ne pas être commercialisable = gaspillage alimentaire).

Les mesures de restriction pour les particuliers portent sur des interdictions (lavage de voiture par exemple) ou des plages d’arrosage (comme pour les potagers). Ces mesures s’appliquent pour l’ensemble du département : dès que la majorité du territoire a franchi le seuil. Ce choix de gestion sur l’ensemble du département a été fait afin d’éviter les tensions entre les particuliers. En effet, c’est très mal perçu qu’il y ait des restrictions pour une commune, mais pas pour la commune voisine. Par contre, ce choix a pour résultat d’augmenter les tensions entre irrigants et particuliers. Qu’il y ait ou pas de restriction sur l’irrigation, cela ne se voit pas. Voir les enrouleurs fonctionner agace, mais c’est incontournable pour maintenir les filières et assurer l’alimentation de la société, éviter le gaspillage alimentaire au niveau de la production.